Un peu d’histoire !…

Selon la définition du Larousse 2022 :

Rémouleur : nom – masculin personne dont l’activité, souvent ambulante,

consiste à aiguiser (*) les lames d’instruments tranchants

(*) Aiguiser : verbe – rendre tranchant, pointu, un couteau, un instrument, etc. ; affûter (*)

(*) Affûter : verbe – rendre tranchantes les arêtes d’un outil de coupe.

Synonymes :

Affiler, aiguiser, appointer, émoudre, repasser, tailler, émorfiler.

Le dictionnaire de l’Académie Française, définie l’Esmouleur comme celui qui fait le métier d’esmoudre les couteaux, les ciseaux et autres ferrements.

Le mot actuel « rémouleur » vient du vieux Français « émoudre », issu lui-même du latin « exmolere », qui signifie aiguiser sur une meule.

La notion d’affûtage, d’aiguisage est aussi vieille que l’homme, puisque dès qu’il a réalisé ses armes et ses outils, il fallait bien qu’ils soient pointus ou tranchants, que ce soit en bois, en os, en corne ou en silex puis ensuite à l’âge du fer et du bronze.

Dans les registres de l’impôt appelé « la taille » au moyen âge sur Paris, il est fait mention de 6 « esmouleurs »

Ils  appartiennent à la confrérie des « gagne-petit », regroupant divers métiers à très faibles revenus, aujourd’hui ce terme perdure.

Les rémouleurs sont aussi appelés « Rémouleurs à la planchette » de par la petite planche qui est sous leur pied, et qui par le mouvement de laquelle ils font tourner leur meule généralement à eau.

Fin 19^ème début 20éme siècle, Il se déplaçait de village en village, ou de rue en rue dans les villes. Il déplaçait sa petite charrette équipée d’une clochette qu’il agitait en criant : « Rémouleur, rémouleur ! Repasse couteaux ! Repasse ciseaux ! ».

Lorsqu’il exerçait son métier, c’était une véritable attraction et cela attiré les badauds, on retrouve d’ailleurs cette ambiance sur les vieilles cartes postales que l’on peut encore retrouver.

Le métier qui était encore très commun jusqu’ entre les deux guerres mondiales,  a quasiment disparu d’Europe au XIXe siècle. Le rémouleur, comme de nombreux autres petits métiers, est victime du progrès, les couteaux en acier moderne, en Inox vers 1960 s’usent moins vite, le « fusil » d’affûtage est devenu un outil commun que l’on retrouve dans les cuisines.

Le rémouleur a succombé à la société de consommation avec l’automatisation et l’importation d’outils issus de pays en voie de développement, le prix des couteaux a chuté et ne justifie plus économiquement plus leur ré-aiguisage…

Notre société prend enfin conscience aujourd’hui, qu’il est temps d’arrêter d’épuiser nos ressources, et que si nous ne faisons rien aujourd’hui se sont nos enfants qui paieront la note.

Il est temps d’arrêter de produire pour ensuite jeter, l’ère est au réemploi et la réutilisation, c’est dans cette démarche que s’inscrit la profession d’Artisan Rémouleur.

Le nombre de rémouleurs tend à croître, nous serions environ 200 en France. Pour un certain nombre, nous sommes passés par l’Ecole Nationale d’Affûtage et de Rémoulage.

Cela signifie qu’il s’agit à présent d’une profession à part entière, et qui devrait être reconnue d’utilité publique !

Comme beaucoup de mes confrères, j’ai obtenu mon diplôme à l’issue de la formation à l’Ecole Nationale d’Affutage et de Rémoulage située à Beaumarchés dans le Gers ( 32 ).

Cette formation est ponctuée par un examen de fin de session à l’issue de laquelle est remis un diplôme de niveau 3 qui est enregistré au Répertoire Nationale des Certifications Professionnelles ( RNCP).

Durant cette formation ont été abordés un grand nombre d’outils aussi divers que variés passant du coupe ongles, à la roulette à pizzas pour finir par la rainette !